22 octobre 2016

L'Ombre fait la lumière sur la perte des idéaux



L'Ombre, conte théâtral d'Evguéni Schwartz
au Théâtre de Ménilmontant


Mise en scène : Mathilde LOUARN
Distribution : Flavie BITAUD, Morgane EYDMANN, Gauthier IUNG,
Viviane LAMBERT, Mary LANDRET, Rémi MUSSETA, Antoine WU


- Vous ne croyez pas aux contes de fées ?
- Sans l'ombre d'un doute.
- Méfiez-vous : parfois, quand vous rêvez, leurs créatures sortent de l'ombre



Synopsis :
Dans une petite ville du sud arrive un jeune Savant pour ses recherches dont le but ultime est le bonheur de l'humanité.
Petit à petit, il se rend compte qu'il a atterri au Pays des Contes de fées. Il tombe amoureux de la Princesse héritière et lui envoie son Ombre pour lui faire la cour. L'Ombre va se révéler moins digne de confiance qu'il n'y paraît.
A travers les aventures tragicomiques d'un humain égaré au Pays des Contes, Schwartz brosse une satire féroce de la société soviétique de son temps.
Une satire qui fait sens dans les sociétés follement individualistes d'aujourd'hui.





Mon avis :
Derrière ce conte et ses personnages imaginaires se cache une critique du régime stalinien, dont l'auteur Evguéni Schwartz était coutumier. Même si celui-ci a réussi à éviter le goulag, L'Ombre a été interdite par le pouvoir soviétique en 1930.

L'histoire se déroule dans un monde imaginaire où les individus qui ont des valeurs, des idéaux sont malmenés par les gens au pouvoir, parce qu'ils souhaitent le garder.

Il est difficile de se mettre dans l'histoire, notamment à cause de la mise en scène qui a choisi de nous montrer des personnages secondaires très farfelus. Une jeune femme habillée en chat, une mère opprimante et son arbalète, un ogre extraverti et sa perruque blonde, tous forcent sur les traits
et on a du mal à accrocher.

Pourtant lorsque l'histoire avance, on fait inévitablement des parallèles entre ce monde imaginaire et une société verrouillée. En effet, l'univers est riche en symbole. L'ombre, double du personnage principal, est son côté obscur. Voulant accéder au pouvoir, il fait des alliances, manipule des gens pour écarter la princesse de son amour. Ce dernier au contraire n'est intéressé que par la princesse, il est même prêt à renoncer au pouvoir royal : il symbolise la vertu, l’honnêteté, le désintéressement.

Mais l'homme et son ombre sont liés. Ils sont les deux facettes d'un seul être, et ne peuvent vivre l'un sans l'autre. La morale, si l'on doit en designer une, c'est que le pouvoir corrompt inexorablement les individus vertueux, et qu'il est très compliqué pour la princesse (qui représente le pouvoir et l'idéologie communiste) de trouver un mari (c'est à dire un représentant) honnête.


plus d'infos :
https://www.menilmontant.info/fr/programme/ombre

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