Fahim, un film du poête cascadeur PEF, avec Gérard Depardieu, Isabelle Nanty, se déroulant dans le milieu des échecs |
Fahim est un film humain, social, que j'ai trouvé touchant, et qui donne une image du milieu échiquéen assez positive, et d'après mon expérience, assez juste.
Pour le dire rapidement, j'ai bien aimé l'histoire, inspirée d'une histoire vraie, les acteurs, charismatiques, la musique, les valeurs... mais je voulais écrire tout de même un billet pour partager mon analyse d'une des parties que l'on voit dans le film. Ce billet contient des coups en notation algébrique, vous êtes prévenus.
Dans ce film, plusieurs positions et parties d'échecs sont exposées, et on sent qu'elles ont été précautionneusement sélectionnées pour le film. J'imagine que les scénaristes ont fait appel à un entraineur, un "consultant échecs" de bon niveau, car les problèmes, et positions que l'on voit dans le film parlent aux joueurs, et croyez-moi, ce n'est pas toujours le cas.
Donc voilà, je vous propose de revoir ensemble la dernière partie d'échecs du film, celle où Fahim arrache le match nul in extremis et qui lui donnera le titre de champion.
Dans cette partie, Fahim a les blancs et Depardieu qui commente la partie annonce qu'il s'agit d'une Ouverture Espagnole (e4 e5 Cf3 Cc6 Fb5) avec "une Défense de Berlin" et ça signifie que les noirs ont répondu Cf6.
On quitte ensuite l'ouverture, et directement en milieu de partie, et on arrive sur cette position :
Après quelques faux raccords, on voit que Fahim bouge sa tour, Tdg1, et les noirs déplacent leur dame, Dd7. Une vue du dessus nous permet de voir l'échiquier :
Dans cette position, les noirs ont déjà un pion d'avance. L'inconfort de Fahim est donc justifié.
Il décide alors, à la surprise de son entraineur, de jouer Txg4, echangeant ainsi sa tour contre le cavalier noir.
Il se retrouve donc avec un pion et une qualité en moins, et non pas "une tour en moins" comme le dit Depardieu. Celà reste un mauvais coup et reduit les chances de victoire de Fahim.
Nouvelle ellipse, et on se retrouve en fin de partie. On ne voit pas l'échiquier dans son intégralité, mais alors que Fahim est à deux doigts de coucher son roi, c'est à dire d'abandonner, il joue Rb1 à la place.
Les noirs répondent du tac au tac avec un coup vers la colonne A, on ne voit pas l'échiquier mais on peut supposer qu'il s'agit de Da6.
Voilà une reconstitution de l'échiquier à ce moment de la partie :
Les noirs menacent de faire mat avec Da8# et les blancs n'ont pas beaucoup de parades à leur disposition. Fahim joue alors Ca4, qui semble à premiere vue un coup désespéré, qui ne fait que retarder l'échéance fatale.
Les noirs tombent dans le piège en prenant le cavalier, Dxa4, car ils n'ont pas vu qu'il s'agissait d'un faux cadeau, une déviation de la dame noire, permettant d'éloigner la dame de l'aile roi.
Fahim enchaine alors avec cette combinaison surprenante : Txg7+ ! un sacrifice de tour qui permet d'obtenir la nulle : ... Rxg7, Dg5+, Rh8, Df6+, Rg8, Dg5+, ... en forçant une triple répétition de la position.
Fahim lève alors la main pour appeler l'arbitre, afin que celui-ci valide la partie nulle.
Je n'ai pas insisté mais en inspectant plan par plan, on constate plusieurs faux raccord, mais on comprend qu'au montage, la priorité ait été donnée aux expressions des acteurs, au rythme de la partie plutôt qu'à l'exactitude échiquienne. Mais c'est un détail, cette scène finale est émouvante, et la partie s'inscrit très bien dans le scénario, donc on va passer l'éponge et féliciter le poête cascadeur PEF pour ce film grand public réussi.
Pour finir, il faut que je mentionne Lucien, qui apparait dans le film (sur la droite de l'image ci-dessous). Lucien est entraineur à Argenteuil, et depuis des années, il transmet sa passion et son savoir avec générosité et patience aux jeunes de la ville, notament à ceux qui sont inscrit au Club de la Ville d'Aregnteuil CELA, .