En allant voir ce film Journal de France, je ne connaissais pas grand chose de Raymond Depardon, à part qu'il était l'auteur de la photo officielle du fraichement élu François Hollande.
Une photo qui ressemble à une photo d'amateur mais qui atteint sans doute son but premier : faire parler d'elle même, et renforcer un peu plus l'image d'homme "normal" que souhaite donner le président.
Mais intéressons nous à Depardon l'homme.
Ce film nous permet de cerner le personnage.
Pendant plus d'un demi-siècle, ce reporter-photographe (et cinéaste) a couvert l'actualité internationale, emmagasinant des essais filmés et des prises de vue qu'il n'avait jamais eu l'occasion de publier.
A 70 ans, sans doute parce qu'il en avait marre de tourner en rond, il a mis son viel appareil photo dans sa camionnette, et il est parti seul dans la France profonde, prendre en photo des coins reculés, des coins déserts mais d'une beauté certaine pour son oeil expert.
Voilà donc l'essence de ce film : une juxtaposition d'images d'une France de la campagne, paisible, et des images plus dures d’évènements graves (guerres civiles, coups d'Etat, prises d'otage, rebellions armées..). Un contraste saisissant qui balade le spectateur d'une émotion à l'autre.
Une émotion renforcée par une bande-son au top ("Vertige de l'amour" de Bashung ou "Beneath the Southern Cross" de Patty Smith)
Depardon n'est pas un photographe qui "sublime" la réalité.
C'est un type discret, qui se fait accepter facilement, et qui laisse toute leur place au(x) sujet(s) pour qu'ils soient eux mêmes, pour qu'ils se livrent sans s'en rendre compte.
C'est lui même qui avoue dans le film qu'il se méfie de la "belle lumière".
Depardon cherche simplement à rendre compte du réel, même si ce n'est pas si simple.
Issu d'une famille d'agriculteurs, son goût pour le simple et le naturel est évident.
Au fur et à mesure du film, la co-réalisatrice Claudine Nougaret (qui a par ailleurs participé à l'exposition Mathematiques, un depaysement soudain) révèle l'attrait de Depardon pour le désert.
On peut interpréter cela comme une envie de détachement vis à vis de la comédie humaine, lui est peut-être lassé d'avoir passé toutes ces années à filmer des dictateurs (Bokassa), à être le premier spectateur du théâtre politique (Giscard), ou témoin de l'abandon d'hôpitaux psychiatriques (Italie),
sans parler de ses emprisonnements (Prague)..
Sa vie en tout cas fût bien remplie.. et par là le film donne envie de voyager..
La bande annonce :
Quelques mots des réalisateurs et extraits supplémentaires :
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