12 février 2017

Les Derniers Parisiens


réalisé par Hamé Bourokba et Ekoué Labitey
avec Reda Kateb, Slimane Dazi, Mélanie Laurent

Synopsis :
Tout juste sorti de prison, Nas revient dans son quartier, Pigalle, où il retrouve ses amis et son grand frère Arezki, patron du bar Le Prestige. Nas est décidé à se refaire un nom et Le Prestige pourrait bien lui servir de tremplin…



Mon avis :
Le point fort est l'immersion, avec des banlieusards aux codes d'aujourd'hui ("et ouais mon frère"), qui évoluent à Pigalle, ce quartier qui est devenu le leur à force d'y errer.



Beaucoup de scènes filmées caméra à l'épaule dans le quartier. On reconnaît bien le Boulevard de Clichy, les Folies Pigalle, Château Rouge, Le Square Hector Berlioz. Aucune image par contre du Moulin Rouge, car les réalisateurs ont eu l'interdiction de le filmer (le lieu tient à préserver son image haut de gamme et refuse qu'on l'associe à un film "de banlieusards").




Les personnages sont des descendants d’immigrés, avec des comportements propres à leur génération : d'abord les anciens (nés dans les années 70-80) ont tout donné pour s'intégrer, sagement, trouver un travail, essayer de faire leur chemin malgré les obstacles.
Les plus jeunes ont vu leurs aînés galérer, et accepter un travail souvent en dessous de leurs capacités. Mais eux ne rêvent pas d'intégration. Ils rêvent de grandeur, de soirées avec de l'argent qui coule à flot et de filles qui dansent sur des podiums, comme dans les clips à la TV. Pour cela, ils sont prêts à transgresser les voies légales, malgré les risques encourus.


Les deux acteurs principaux sont bons. Sur le devant de la scène, Reda Kateb (Qu'un seul tiennent et les autres suivrontUn Prophète ou Hypocrate) est crédible dans ce personnage aux dents longues. En face, Slimane Dazi (Rengaine) est tout à fait à la hauteur lorsqu'il faut élever la voix.

Mélanie Laurent (Le concert, Je vais bien, Ne t'en fait pas, Dikkenek) a un rôle secondaire, mais son nom fait vendre, alors pourquoi se priver.





Dans le public, après la projection, on s'est demandé s'il s'agissait d'un film misogyne. Certes les femmes sont peu présentes, et Melanie Laurent est assez effacée, mais pour reprendre la réponse de Reda Kateb, l'univers de ces jeunes est très masculin, ils ne sont pas habitués à la présence des femmes et si on creuse, dans le fond, les femmes leur font peur et ils ne savent pas comment leur parler.



L'histoire est aussi celle d'un bar 'Le Prestige'. Comme dans Belgica, ce bar de quartier traditionnel évolue en bar branché, mais ici pas de scènes d'orgies. Dans ce film, le bar est source de convoitise et le dénouement n'est pas le même.
Petit bémol sur cette chute justement, qui manque un peu de crédibilité.

-SPOILER ON-
Il me semble insensé que Nas ait laissé la gestion du Prestige à son nouvel ami qu'il connaissait à peine. Le fait qu'il n'ait pris aucune précaution semble tiré par les cheveux. S'il avait besoin d'un prête-nom pour la gestion, alors pourquoi choisir cet inconnu alors que son frère était à proximité et qu'en plus il était expérimenté ?
-SPOILER OFF-

Néanmoins c'est un très bon film, encré dans la réalité en ce qui concerne les personnages, leurs psychologies, leurs motivations. Les deux réalisateurs, Ekoué et Hamé, sont des membres du groupe de Hip-Hop La Rumeur. Ils sont très conscients des dynamiques urbaines d'aujourd'hui, et ils ont su retranscrire l'ambiance d'un groupe de potes en évitant les clichés.

Je vous conseille par ailleurs leur court métrage : Ce Chemin devant moi qui se déroulait de l'autre coté du périph.

Un film en salle le 22 Février.

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