04 mars 2010

Critique ouverte d'un parti fermé

Aie…Ouille…Argh.. Tous les matins, depuis une semaine c’est la même chose.

Avec l’approche des élections régionales des 14 et 21 mars, des affiches de partis politiques fleurissent jour après jour dans mon quartier. Le fait est que, faute à la population dite « étrangère » composant l’endroit où je vis et aux présumées intentions de votes des autres dits « français pure souche », ce sont principalement des posters du Front National que l’on a collé, et sur lesquels mes yeux encore endormis se posent à 8h30 en partant travailler.



« Etre français, ça s’hérite ou se mérite et se respecte », peut-on y lire. Aie, Ouille, Argh…

Au-delà du message lié à la campagne électorale du parti dont on connait suffisamment le fer de lance et qui je dois le dire, suffit à lui tout seul à m’insupporter, ce sont les valeurs fondamentales qu’il promeut qui me révoltent.

Etre français, ça s’hérite, certes, c’est bien ce que dit la loi. Par le droit du sang et le double droit du sol naît français toute personne ayant un parent de nationalité française ou née sur le territoire français d’un parent au moins français. Bien entendu, on peut aussi devenir français (acquérir la nationalité), par le processus de naturalisation, après 5 ans de vie en France.
J’ose espérer que ce verbe fait aussi référence au fait que la culture (à comprendre ici comme ce qu’un groupe social fait, pense, la façon dont il se comporte, en somme ce que chacun de nous apprend dès l’enfance) française est transmise par les anciennes générations aux plus jeunes.
Tiens ! Mais alors, les dits « étrangers » qui vivent en France depuis toujours ou seulement 5 ans, et qui ont donc adopté le groupe social français (car je ne crois pas qu’on puisse vivre dans un pays, s’y sentir bien et vouloir y vivre tout en étant complètement fermé à sa culture), et dont cette même culture se rapproche de fait parfois plus de l’hexagone que celle de leur pays d’origine, qu’en fait-on ? Aaah…leur peau ne sera jamais blanche, c’est vrai, c’est là leur plus grave erreur.

Etre français, ça se mérite. Ca se mérite, comme une médaille, une récompense, une chose pour laquelle on accomplit de bonnes choses pour pouvoir l’obtenir.
Quand on fait des études orientées vers l’interculturel comme moi, on apprend que ce genre de pensée s’appelle de l’ethnocentrisme. C’est « la tendance, plus ou moins consciente, à privilégier les valeurs et les formes culturelles du groupe ethnique auquel on appartient ». Concrètement, ça veut dire qu’on estime que sa culture (sa façon de fonctionner, sa façon de penser, de se comporter en société, de réagir, etc.) est meilleure que celle d’autrui. Ça veut dire qu’on suppose qu’on est supérieur et que l’autre est inférieur. Ai-je vraiment besoin d’exprimer mon opinion sur le sujet ?
Je donne un exemple pour illustrer mon propos.
En France et dans la plupart des pays occidentaux, il est admis qu’on peut travailler, faire des affaires avec quelqu’un sans le connaître personnellement, contrairement à ce qu’on pense dans la plupart des pays orientaux où il vous sera peut-être impossible de conclure un contrat sans vous ouvrir personnellement à votre interlocuteur. Quel camp choisir ? Celui qui considère que l’humain passe au second plan dans le monde du business ou si l’humain a justement toute son importance ? Voilà qui fait réfléchir.

« Moi je ne juge pas les autres, je les tolère ».
Voilà qui n’est guère mieux, car il existe dans le fond un rapport peut-être encore plus mesquin de supériorité/infériorité dans le concept de tolérance.

Etre français ça se respecte. Encore mieux. C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Respectez-donc les autres et leurs cultures avant d’appeler au respect de la culture française (je doute d’ailleurs que la notion de respect de sa propre culture puisse exister: la culture est quelque chose d’abstrait, qu’on ne peut pas toucher et qui nous est inconscient et « naturel ». On respecte en revanche celle de l’autre en essayant par exemple de s’y ouvrir et de la comprendre)

En rentrant chez moi le soir, toujours la même douleur en voyant ces affiches, toujours le même espoir qu’elles aient été rayées, gribouillées, détruites, par ceux qu’aujourd’hui on ne respecte pas.


Encore un pamphlet contre le racisme me dira t-on. La lutte continue diront d’autres.

3 commentaires:

  1. Fifoolafeufoo04/03/2010 12:47

    Clap clap clap... La lutte continue.. ;)

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  2. Pouvait-on s'attendre à mieux de la part du FN ??
    Mais de manière générale, le problème vient surtout du gouvernement et de son débat sur l'"identité nationale" qui abusent du fantasme de la peur de l'étranger.
    Comme on peut le lire dans cet article du courrier international : Si on devait trouver un équivalent, il faudrait aller chercher du coté de la France pétainiste, lorsque les Juifs étaient pourchassées..

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  3. Exact Aldanjah ! A la mode de 1930, Le Pen et surtout le petit au pouvoir (bien plus dangereux que le borgne) jouent sur la peur de l'autre pour justifier les maux de la société. Voilà qui est très grave, car ils masquent ainsi les vrais problèmes d'inégalité sociale, qu'ils peinent (ou refusent) de résoudre.

    La nation au XIXème siècle fut le vecteur des idées libérales. Aujourd'hui comme en 1940, la nation exclut et détruit nos libertés chéries.
    Des fois , j'ai envie de rendre mon passeport et d'en inventer un autre... de citoyen du monde !

    Petite citation de mon cher Romain Gary pour soutenir l'auteure de ce pamphlet bienvenu : "le patriotisme c'est l'amour des siens ,le nationalisme c'est la haine des autres".

    Un petit regret toutefois, de voir mon bon vieux Tintin stigmatisé. L'ouvrage est paru en 1931, c'est un livre d'histoire, que lui reproche-t-on ? Je crois qu'il est impossible de juger une époque révolue à l'aune des valeurs actuelles.

    A ciao,

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