07 novembre 2016

The Birth of a Nation

The Birth of a Nation
de Nate Parker
avec Nate Parker, Armie Hammer, Mark Boone Junior

Synopsis :
En un temps précédant la Guerre Civile américaine, Nat Turner est un prédicateur et un esclave cultivé. Son propriétaire, Samuel Turner, financièrement sous pression, accepte une offre visant à utiliser les dons de prédication de Nat dans le but d'assujettir des esclaves indisciplinés. Après avoir été témoin des atrocités commises à l'encontre de ses camarades opprimés, Nate conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté.




Mon avis :
*attention cette critique contient des spoilers*
Ce drame est la version afro-américaine de Braveheart. Il raconte la vie d'un esclave né en 1800 et mort en 1831 en Virginie. Témoin du mauvais traitement -ou plutôt des atrocités- dont étaient victimes ses frères Noirs à l'époque, il va mener une rébellion qui finira dans le sang.



Contrairement à l'affirmation d'Abd al Malik (voix française du personnage principal) présent lors de cette projection organisée par allociné, je n'ai pas du tout trouvé ce film humaniste.

Le choix a été fait de faire évoluer le personnage principal dans un monde injuste, sans contrepoids. Il est le témoin de traitements horribles qui laissent tout le monde indifférent. A aucun moment il ne rencontre un Blanc qui trouve la situation anormale, alors qu'historiquement il y avait forcément déjà des voix -en dehors de celle des esclaves- qui s'élevaient contre l'esclavage (la traite négrière fut interdite officiellement sur le territoire américain à partir du 1er janvier 1808)
Cette histoire nous livre une version simpliste du monde, dans laquelle les choses sont polarisées, soit noires, soit blanches, alors qu'en vérité le monde est souvent gris.

Les autres récents films sur l'esclavage (Twelve Years a Slave, Django Unchained) nous montraient des versions de l'histoire qui étaient porteuses d'espoir, car certains Blancs y venaient au secours des noirs.
Ces films là sont humanistes, ces films là nous donnent envie de croire en la solidarité et en la compassion humaine.


Ici le personnage principal est le seul à se lever contre l'injustice. Mis à part ses frères esclaves, le monde entier est contre lui. Son frère Blanc n'est qu'un individualiste, qui finit par le lâcher et le trahir pour ses intérêts personnels. Lui finit lynché par la population en furie, pendu sur la place publique, ce qui n'est pas sans rappeler la Passion du Christ.


Voilà comment on fabrique du martyr.
Je ne remets pas en question le courage, la force intérieure incroyable qu'il faut pour prendre le risque de perdre sa vie pour les siens.
Je ne nie pas qu'il mérite d'être érigé en héros, lui dont la communauté est toujours - 2 siècles plus tard- victime d'injustices.
Je préfère simplement les histoires qui donnent espoir, qui incitent à se réconcilier, et pas celles qui présentent la violence comme seul échappatoire possible.


La bande annonce :

5 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
  2. "Le choix a été fait de faire évoluer le personnage principal dans un monde injuste, sans contrepoids." Le choix? Je ne pense pas que 400 ans d'Histoire soit un choix.

    Vous parlez d'Histoire justement, disant qu'historiquement certains blancs devaient se lever contre l'esclavage. Oui, une minorité, plus encore dans le sud que dépeint ce film. A-t-on besoin de rappeler à chacun que tous les blancs n'étaient pas partisans de l'esclavage? Dans une histoire vrai, doit-on la modifier en rajoutant des personnages pour que certaines communautés ne se sentent pas mal à l'aise? Je vais prendre un autre crime contre l'humanité en exemple, mais quand vous regardez un film parlant de camp de concentration, le trouvez vous moins bien parce qu'il n'y a pas de gentil nazi pour rappeler que toute l'Allemagne n'était pas antisémite? Si historiquement certaines voix ce sont levé, elles étaient grandement minoritaires. Vous voyez une vision simpliste là ou je vois pour la première fois une vision réaliste. D'ailleurs, parlant des deux films que vous citez, dans les deux, les gentils blancs ne sont pas américains. Un canadien et un hollandais, ce n'est pas pour rien que le choix a été d'en faire des étrangers. Si le monde était bien souvent gris, les nuances dans ce monde était difficile à trouver pour que vos exemples aillent les chercher dans d'autres pays.

    En parlant de ces personnages, je trouve amusant que vous voyiez un clin d’œil à Jésus là ou Brad Pitt est littéralement grimé en Jésus pour 12 Years a Slave.

    D'ailleurs, pourquoi ce film aurait besoin d'un gentil blanc pour être humaniste? Le blanc dans ce film est une représentation de l'esclavage, l'humaniste est Nat, choqué par la situation des autres noirs alors qu'il en a une bien meilleure. Il aurait pu fermer les yeux comme certains dans le film, non. Il renonce à ses privilèges pour le bien commun. Pourquoi aurait-on besoin de plus pour être humaniste? Pouvez vous me donner une réponse à cette question?

    Mon commentaire a trouvé sa fin, mais j'ai encore quelques petites choses à faire remarqué qui ne trouvaient pas leurs places dedans.
    Premièrement, pensez vous que vous pourriez retirer "mauvais traitement" de votre critique? Certains pourraient trouver ça offensant. Horreur ou atrocité comme vous l'avez mis ensuite ont bien plus leur place.
    Deuxièmement, je vois bien que vous ne pensez pas à mal, cependant si vous comprenez le besoin d’ériger des héros noirs, pourquoi alors reprocher le choix d'avoir mis ce personnage en avant écartant les travers classique du film traitant de l'esclavage qui est de montrer le blanc comme celui qui sauve le noir? Ce justement ce choix qui rend ce personnage héroïque, il n'a personne d'autre que les siens. Même celui qu'il pensait être son ami est au final comme les autres et le vois comme rien de plus que sa propriété (Il a mis du temps en plus, des années à discuter avec des tarés qui l'ont fait sombrer dans l'alcoolisme)
    Et surtout, vous trouvez que ce film manque d'espoir. Moi, c'est justement la dernière image qui m'en a donné, de l'espoir.

    RépondreSupprimer
  3. Dans Birth of a Nation, le personnage risque sa vie parce qu'il n'a pas le choix. Il le fait davantage par fraternité envers ses frêres noirs, parce qu'il est au pied du mur, et ne supporte plus leurs conditions de vie.
    Il s'agit bien -et ce des la première minute du film- de lutte des races, noirs contre blancs, et le film ne parvient pas à dépasser le cadre de la différence de couleur de peau.
    Risquer sa vie pour combattre l'injustice, c'est héroique, c'est admirable on est d'accord, mais pour moi ca ne suffit pas à faire de ce film un film humaniste. Dans ma vision de l'humanisme, un humain tend la main à un autre, au delà des couleurs de peaux, au delà de ses intérêts personnels.

    Et pour parler de film sur l'Allemagne nazi, La Liste de Shindler, est l'exemple parfait du film humaniste. Le personnage de Oskar Schindler tend la main à son prochain, malgré le risque, allant contre ses intérêts. En choisissant cette histoire, Spielberg a dépassé l'horreur des déportations et mis en avant un comportement humaniste.
    En comparaison, Birth of a Nation ne depasse rien, il s'inscrit dans la lutte des races mais y reste coincé.

    Quant à Jesus, la figure christique du héros est volontaire (dixit Nate Parker himself)
    http://www.christianitytoday.com/ct/2016/august-web-only/conversation-with-nate-parker-about-birth-of-nation.html

    RépondreSupprimer
  4. @aldanjah Il a le choix, il ne risquait rien. Il était protégé par son maitre en raison de son rôle plus qu'important dans le retour de sa richesse. Il choisi de renoncer à ça pour risquer sa vie pour d'autres êtres humains n'imaginez pas que beaucoup d'esclaves ont fait de même, si le film ne le montre pas il faut savoir qu'ils étaient aussi souvent fouetté par des blancs que par des noirs. Nat fait ce choix au delà de ses intérêts personnels.

    Mais oui, ce film est une lutte, non pas de race, mais d'opprimé contre l'oppresseur.

    La Liste de Schindler fait figure d'exception, et oui c'est un film humaniste (qui n'aurait jamais vu le jour s'il n'avait été une histoire vrai si vous voulez mon avis). Mais si vous pensez que parce qu'il n'agit pas de même Birth of a Nation ne dépasse rien vous vous trompez. Essayez de voir au delà de vous même, Birth of a Nation dépasse quelque chose. Sur tous les films sur l'esclavage que j'ai vu il est le seul a présenter des esclaves s'en sortant par eux même et sans aucune aide du blanc. Là ou vous voyez un lutte des races, une personne de l'autre côté va voir un message prouvant qu'il est capable de s'en sortir et de se libérer sans l'aide de l'oppresseur. Les messages qu'on demande au personnage de Nat de dire aux esclaves lorsqu'il va prêcher, ce sont les messages que tous les films adressent à la communauté noire. J'admets qu'il est difficile de s'en rendre compte sans le vivre, mais ce film ne parle pas de lutte des races, parce qu'il n'y a pas de lutte. Encore aujourd'hui il n'y a qu'oppresseurs et oppressés. Ce film se bat contre ça.

    Je comprendrais que vous ne répondriez pas, mais à quel personnage vous êtes vous identifié dans ce film? J'aimerais savoir si ça joue dans la vision que vous en avez.

    Concernant la figure christique du héros, je l'ignorais. Merci de me renseigner^^

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...